Confitures Cantillon cerises fond brun
Rob Renaerts
CODUCO

Auteur:

Stefan Van Caillie, Corporate Consultant chez Group Casier, s.van.caillie@casier.be

« Analyser les flux de déchets et les réutiliser intelligemment »
« Analyser les flux de déchets et les réutiliser intelligemment »

« Encourager les entreprises à visualiser leurs flux de déchets et les aider à déterminer à quelles fins ils peuvent être réutilisés ou transformés : voilà ce qui motive Rob Renaerts, fondateur et directeur de CODUCO. « Cela ne nécessite pas toujours une approche compliquée ou high-tech. Les techniques existantes permettent déjà beaucoup de choses. »

Changer les comportements de consommation en respectant davantage les personnes et l’environnement, tel est l’objectif de CODUCO. « Le nom de notre bureau de consultance provient de la combinaison de “COnsommation DUrable” en français et de “DUurzame COnsumptie” en néerlandais », explique Rob Renaerts. « CODUCO existe depuis 2009. Au début, nous nous sommes focalisés sur l’alimentation durable. Nous avons commencé par sensibiliser et accompagner les entreprises de restauration et les cafétérias, avant de nous investir progressivement dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Nous nous sommes attaqués en premier lieu au vieux pain, puis aux déchets de fruits et légumes. Au fil des ans, nous nous sommes également impliqués dans les marchés publics. Nous avons conseillé la Région bruxelloise et quelques institutions européennes sur l’inclusion de clauses circulaires dans leurs appels d’offres. Notre champ d’action s’est donc élargi, mais reste axé sur la consommation durable : nous aidons les entreprises et les pouvoirs publics à rendre leurs organisation, produits et services plus durables. »

Depuis le début de l’année 2022, vous commercialisez également votre propre produit circulaire. Racontez-nous !

« En effet. Depuis 2022, les déchets de brassage de Cantillon sont transformés en purées de fruits et en confitures. Les cerises et les framboises proviennent du processus de fermentation des bières fruitées de Cantillon. Le fruit fermenté qui, autrement, finirait à la poubelle, est ainsi bien réutilisé. De cette manière, nous évitons environ 20 tonnes de déchets organiques par an. La purée de fruits est un produit B2B. Les professionnels de la cuisine, glaciers, pâtissiers ou restaurateurs peuvent l’utiliser pour réaliser des préparations telles que des sorbets, des glaces, des desserts et des sauces. Nous avons également développé des confitures à destination des consommateurs. Elles sont commercialisées depuis la fin de l’année dernière et les premières réactions sont très positives. Les confitures ont une saveur unique. Le parfum et la douceur des fruits se marient à une délicieuse touche d’acidité provenant du Lambic de Cantillon. L’association avec le fromage et le pâté est divine. Le projet est le fruit d’une collaboration purement bruxelloise entre CODUCO, la brasserie Cantillon et le transformateur Spooneke. Entre-temps, nous collaborons également avec d’autres brasseries dont Oud Beersel. Cela nous permet de transformer encore plus de fruits en nouveaux produits culinaires. »

Comment résumez-vous la circularité en une phrase ?

« Mieux utiliser les flux de déchets existants. Jeter les déchets revient trop bon marché. On gaspille ainsi de précieuses ressources. Y réfléchir dès la phase de conception serait très utile également. Parce que la circularité produit alors tous ses effets : il faut se demander à quoi un produit pourra être réutilisé plus tard. »

« Être circulaire pour le plaisir de l’être, cela ne marche pas. Votre produit doit avant tout être de bonne qualité. »
Rob Renaerts
Quelles innovations circulaires voyez-vous percer ?

« Pour moi, le potentiel est énorme, mais il n’est pas suffisamment exploité pour l’instant. Le vrai déclic ne s’est pas encore produit dans la pensée circulaire des entrepreneurs. La plupart des entreprises se concentrent principalement sur la production et se préoccupent moins de la transformation des déchets. Nous voulons encourager les entreprises à visualiser leurs flux de déchets et les aider à déterminer à quelles fins ils peuvent être réutilisés ou transformés. Nous avons déjà transformé les flux de déchets, notamment du pain et de la drêche de bière, respectivement en pâtes et en sauce soja ou en limonade. C’est savoureux et rentable. La Raffinerie (sucrière) tirlemontoise est un excellent exemple d’application circulaire. Elle a beaucoup de mélasse de sucre comme produit résiduel. Citribel la transforme en acide citrique par une fermentation naturelle en surface. »

Selon vous, que faut-il faire pour convaincre davantage d’entrepreneurs de rechercher des applications utiles pour leurs flux résiduels ?

« La grande difficulté réside dans le fait que les déchets sont actuellement vendus à un prix beaucoup trop bas. Rendre l’élimination des déchets plus coûteuse pourrait inciter les entrepreneurs à recycler leurs flux de déchets. Les pouvoirs publics jouent un rôle important à cet égard. »

Quelle application circulaire a un coût limité, mais un impact important ?

« Cela ne nécessite pas toujours une approche compliquée ou high-tech. Les solutions les plus simples sont parfois les meilleures. Les techniques existantes permettent déjà beaucoup de choses. Pour les start-ups, le coût du développement de la bonne technologie est lourd à supporter. »

Comment l’entrepreneur que vous êtes encourage-t-il ses collaborateurs à contribuer à une société circulaire ?

« La consommation durable est une valeur fondamentale au sein de CODUCO. C’est notre raison d’être. Nos collaborateurs sont eux-mêmes convaincus des bienfaits de cette philosophie et n’ont donc de cesse de la mettre en pratique au travail et dans leur vie privée. Chacun a sa spécialité, ce qui permet à nos clients de bénéficier d’une équipe pluridisciplinaire. »

Comment sensibiliser le grand public à cette vision ?

« La qualité est extrêmement importante. Être circulaire pour le plaisir de l’être, cela ne marche pas. Dans le cas de notre confiture : elle a bon goût. Le fait qu’elle soit circulaire est positif, mais l’important est qu’elle soit de bonne qualité ! »

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