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Marjola Maes
Degels Metal

Photographe:

Degels Metal

Auteur:

Sara Adam, Corporate Consultant chez Group Casier, s.adam@casier.beroup Casier, s.adam@casier.be

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« Une meilleure traçabilité et une communication plus positive sont nécessaires »
« Une meilleure traçabilité et une communication plus positive sont nécessaires »

Mettre un point d’honneur à suivre un flux transparent dans le cycle du métal et le processus de traitement du métal - telle est la raison d’être de Degels Metal. Groupe Casier s’est entretenu avec Marjola Maes, sa coadministratrice. « Nous essayons de rendre notre produit le plus pur possible pour que nos partenaires puissent mieux le recycler et qu’ensemble, nous renforcions le cycle. »

Degels Metal est spécialisée dans le recyclage des métaux : ferraille, vieux fers, déchets de production, DEEE, métaux ferreux et non ferreux. L’entreprise familiale est située à Ypres et est dirigée par Filip Degels et Marjola Maes. Les parents de Filip Degels étaient ferrailleurs. Sa femme, Marjola Maes, a d’abord hésité à rejoindre l’entreprise de ses beaux-parents. « J’étais, à l’époque, très préoccupée par mon indépendance en tant que femme. C’est ma mère qui m’a transmis cela, elle disait toujours que ce que je ferais n’avait pas d’importance, mais que je devais m’assurer de pouvoir me débrouiller et que je ne devais pas devenir dépendante de mon mari. »

Alors comment se fait-il que vous ayez rejoint Degels Metal en 1998 ?

Marjola Maes : « À l’époque, je travaillais dans une entreprise du zoning industriel d’Ypres. Lorsque ma belle-mère a cessé de travailler, j’ai dit au gérant que, pendant quelques semaines, j’aiderais Filip à trouver quelqu’un pour l’assister dans l’entreprise. Notre comptable a alors suggéré que j’endosse ce rôle. Mon mari et moi sommes parvenus à un accord et c’est ainsi que j'ai fait mon entrée dans l'entreprise et dans ce secteur. »

Marjola Maes
Quel est le rôle de Degels Metal dans l’économie circulaire ?

« Les déchets métalliques constituent une excellente matière première pour de nouveaux produits. Par rapport à il y a dix ans, la quantité de ferraille qui aboutit aujourd’hui dans la fonderie est considérablement moindre, contrairement au volume recyclé. Et on peut encore faire bien mieux. Nous essayons de rendre notre produit le plus pur possible pour que nos partenaires puissent mieux le recycler et qu’ensemble nous renforcions le cycle. Nous devions auparavant nous rendre à la déchiqueteuse, car elle était capable de réduire beaucoup plus le matériau. En investissant dans une nouvelle machine, nous sommes désormais en mesure de le faire nous-mêmes. »

« Pour certaines entreprises, l’entreprise circulaire et durable est un projet, pour moi il s’agit plutôt d’une vision. »
Marjola Maes
Comment les matériaux mis au rebut finissent-ils chez Degels Metal ?

« Toute personne possédant un kilo de fer peut venir le déposer ici. Nous nous adressons donc aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises. Lors de la crise financière de 2008, les gens ont commencé à recycler davantage, car ils pouvaient obtenir de l’argent pour leur ferraille. Quand il est possible de gagner de l’argent, ça intéresse tout le monde. Ce n’est, selon moi, pas une mauvaise chose, tant que le changement va dans le bon sens. »

Les ferrailleurs ont souvent eu mauvaise réputation. Est-ce toujours le cas ?

« Malheureusement, le secteur du recyclage des métaux souffre encore d’une image négative. Cela est dû en partie au fait que certains acteurs mélangent d’autres matériaux aux flux de métaux. Il est frappant de constater à quel point les réglementations sont strictes et les inspections nombreuses, alors que le gouvernement lui-même n’est pas toujours tout à fait correct. Nous pourrions continuer à nous plaindre de toutes les instances qui ne coopèrent pas et ne nous aident pas à nous débarrasser de cette image négative, mais nous choisissons plutôt de changer de cap et de faire passer un message positif. »

Et quel est ce message positif, concrètement ?

« Nous travaillons de manière très ordonnée, malgré quelques douleurs de croissance. Ce n’est pas parce que Degels Metal est une entreprise de ferraille que le désordre doit régner ici. Nous essayons par ailleurs de faire la différence grâce à notre approche personnelle. Nous prenons le temps d’offrir une tasse de café à nos clients et fournisseurs. De cette manière, nous sommes à l’écoute et veillons à améliorer encore la collaboration. Nous offrons en outre un excellent service. Notre structure et notre organisation visent à aider nos clients à tout moment. Quand les matériaux ne peuvent pas être déposés chez nous, nous veillons à les réorienter. Nous ne laissons jamais tomber nos clients, pas même pendant nos vacances. Nous décrochons toujours le téléphone et cherchons des solutions pour notre client, même si cela implique que quelqu’un d’autre prenne en charge le conteneur. Nous veillons ainsi à dégager nos clients de tout souci. Notre objectif est d'être un véritable partenaire engagé et de mettre un point d’honneur à suivre un flux transparent dans le cycle du métal et le processus de traitement du métal. »

Y a-t-il des obstacles qui entravent votre travail ?

« Les fabricants de câbles ne facilitent pas le recyclage des câbles. Les câbles sont constitués de trop nombreux matériaux, difficiles à séparer. Lors de la conception et de la production des câbles, les fabricants devraient réfléchir davantage à la manière la plus adéquate de les démonter en fin de vie. Pourquoi les producteurs ne sont-ils pas obligés de se limiter à un seul type de matériau ? Cela rendrait le recyclage beaucoup plus facile. La présence de caoutchouc est particulièrement néfaste. En fait, il devrait y avoir plus de traçabilité. C’est une bonne initiative de la part de Recupel de faire enlever les vieux réfrigérateurs et autres appareils ménagers lors de l’installation d’un nouvel appareil. De cette façon, les produits mis au rebut entrent immédiatement dans le bon circuit. Le problème ici est toutefois que l’appareil doit être complet pour Recupel. Dès qu’il manque une pièce, nous ne pouvons plus le confier à Recupel. Et Recupel ne nous répond pas non plus quant à la destination de ces flux de déchets. Le système actuel présente encore de nombreuses lacunes qu’il convient de combler d’urgence. Nous constatons la même chose pour les extincteurs, par exemple, pour lesquels l’élimination des matériaux mis au rebut n’est toujours absolument pas structurée. »

Quelle est, selon Degels Metal, l’essence d’une économie circulaire ?

« Pour moi en tout cas, la circularité va bien au-delà du recyclage. L’être humain doit occuper une place très centrale dans le modèle circulaire. La circularité doit commencer par soi-même. Or, il est très difficile de changer quelqu’un. Il nous faut beaucoup de temps pour qu’une prise de conscience s’amorce et qu’on s’adapte. L’être humain aime les habitudes et une fois ces habitudes adoptées, il est difficile de s’en défaire. C’est le plus grand défi de l’économie circulaire. Le mot 'vert' est encore trop connoté négativement. Les entreprises ont ce type d’interprétation en aversion ; une communication plus positive est nécessaire. Tous circulaires répond joliment à cette problématique : sur votre site web, nous avons la possibilité, en tant qu’entrepreneurs, d’expliquer notre vision de l’économie circulaire et la manière dont nous y contribuons. Nous sommes ainsi en mesure d’inspirer d’autres entrepreneurs. »

Comment appliquez-vous les principes de l’entrepreneuriat durable et circulaire en interne ?

« Dans l’idée que chaque détail a toute son importance, nous nous concentrons sur les petits changements. Nous avons par exemple modernisé notre flotte et veillé à ce que tous les véhicules soient conformes à la norme Euro 6. L’an dernier, nous nous sommes penchés sur notre flux d’impressions papier. Nous sommes arrivés à la conclusion que l’impression et le classement étaient désormais superflus étant donné la numérisation. Cela nous permet également d’économiser. Nous travaillons également à un meilleur tri sélectif sur notre site. Nous informons nos collaborateurs sur la manière de trier correctement et les encourageons à le faire en plaçant des petits conteneurs partout. S’ils trient mieux ici, nous espérons qu’ils feront de même à la maison. Nous prodiguons également le « conseil du mois », par exemple en baissant tous ensemble le chauffage d’un degré pendant un mois. Nous essayons de montrer l’exemple en tant qu’entreprise. Notamment en servant de la soupe fraîche et faite maison. Nous nous procurons les légumes directement auprès d’un agriculteur du quartier. Ce sont des choses que nous veillons à transmettre à nos employés et que nous espérons qu’ils instaureront chez eux. J’ai un problème avec les entreprises qui se disent durables sans agir en conséquence. On a parfois l’impression que ce n’est pas vraiment dans leur ADN, mais juste un coup marketing. Pour certaines entreprises, l’entreprise circulaire et durable est un projet, pour moi il s’agit plutôt d’une vision. »

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