Voka
Marijke Bouciqué
Voka West-Vlaanderen

Photographe:

Voka

Auteur:

Sara Adam, Corporate Consultant chez Group Casier, s.adam@casier.be

Casier-SaraZwW
"L’économie circulaire est un levier pour les innovations rentables”
"L’économie circulaire est un levier pour les innovations rentables”

« Aujourd’hui, le thème de la circularité est plus vivant que jamais », affirme Marijke Boucique de Voka West-Vlaanderen (Voka Flandre occidentale). « Les entrepreneurs cherchent le quoi, le pourquoi et le comment. Voka propose des formations et offre un accompagnement par le biais de projets aux entrepreneurs qui souhaitent travailler de manière plus circulaire. Et grâce aux événements de mise en réseau, nous les aidons à trouver des partenaires qui partagent les mêmes idées. »

Voka Flandre occidentale a organisé ses premières activités circulaires en 2015. « Au début, il s’agissait principalement de sessions d’inspiration et d’événements de mise en réseau », explique Marijke Bouciqué. « Depuis cette année, nous misons aussi activement sur le transfert de connaissances. Nous collectons des informations et les rendons accessibles aux entrepreneurs. Nous avons des contacts étroits avec des établissements d’enseignement, des institutions gouvernementales, des entreprises... En bref, nous essayons de regarder dans toutes les directions. Le monde de l’entreprise manque souvent de temps pour cela. Voka centralise les connaissances et les transmet aux entrepreneurs par le biais de formations et d’événements de mise en réseau. Mais notre rôle ne se limite pas à informer : nous voulons également stimuler et guider les entrepreneurs ouverts aux applications circulaires, et les aider à trouver des partenaires qui partagent les mêmes idées. »

Comment résumeriez-vous l’économie circulaire en une phrase ?

Marijke Bouciqué : « Adopter une approche durable vis-à-vis de la planète et de ses ressources. Dans un monde circulaire, vous utilisez les matériaux et les matières premières le plus longtemps et avec la meilleure qualité possible. Il s’agit donc essentiellement d’une utilisation durable des matériaux et des matières premières. »

Marijke Boucique de Voka Flandre occidentale
Quels sont les secteurs qui peuvent avoir recours à une approche circulaire ?

« Chaque secteur a besoin de matériaux et de matières premières, mais évidemment, il s’agit davantage des entreprises manufacturières que des entreprises de services. En Flandre occidentale, il existe encore de nombreuses entreprises manufacturières familiales – notamment dans le secteur textile, la transformation des plastiques, la construction, la transformation des métaux – qui se concentrent sur l’innovation et le développement de produits. Selon moi, l’économie circulaire s’inscrit parfaitement dans ce cadre car elle est un levier d’innovation. Je suis convaincue qu’investir dans l’économie circulaire est toujours rentable à long terme. Les entreprises doivent vraiment la considérer comme un investissement dans l’innovation. »

« Investir dans l’entrepreneuriat circulaire, c’est investir dans la croissance et dans l’avenir. »
Marijke Bouciqué
Comment la circularité a-t-elle évolué depuis que Voka Flandre occidentale a contribué à mettre le thème sur la table en 2015 ?

« Je vois surtout une évolution dans un sens positif. Les hautes écoles, les universités et les centres d’expertise se concentrent également de plus en plus sur la circularité. Pour donner un exemple concret : le Centre flamand des plastiques (Vlaams Kunststofcentrum) de Courtrai a été rebaptisé l’an dernier Circular Materials Center (CMC). Tous ces développements contribuent à faire connaître le thème auprès des entreprises également. »

Voyez-vous cette évolution positive dans le monde de l’entreprise également ?

« Les entreprises qui sont en contact direct avec un flux de déchets particulier sont plus susceptibles de rechercher une solution circulaire. Pour la trouver, ils peuvent faire appel à nous. Nous avons également entamé récemment une collaboration avec Designregio Kortrijk. Dans le cadre d’un projet de cocréation, avec des étudiants, des designers et des entreprises sur mesure, nous guidons des entreprises dans la valorisation de certains flux de déchets. D’ailleurs, il existe de nombreux autres partenaires qui peuvent aider les entreprises à intégrer la circularité dans leur modèle économique et à se développer de manière durable. Pensez par exemple à POM West-Vlaanderen et au Circular Materials Center que je viens d’évoquer. »

Quelles sont les innovations circulaires dont vous attendez beaucoup ?

« Dans le cadre du développement des produits, l’accent est mis sur les recyclats de plastique, une durée de vie plus longue et une qualité supérieure. Personnellement, j’espère aussi une percée dans le secteur de la construction. La réutilisation des matériaux de construction changerait vraiment la donne. J’ai bon espoir car des chercheurs sont en train d’explorer ce domaine. À mon avis, le leasing a aussi un avenir – pensez aux machines à laver, par exemple. Il s’agit d’une sorte de système de leasing dans lequel vous ‘louez’ une machine à laver et ne payez que pour son utilisation. Un très beau concept qui nécessite un changement majeur de la part des producteurs et des consommateurs. Cela présente de nombreux avantages : le producteur obtient un retour d’information constant de la part des clients et peut constamment réévaluer la situation, et le consommateur ne doit pas acheter une machine à laver neuve si elle tombe en panne. »

Le consommateur est-il prêt à payer pour utiliser un produit plutôt que pour le posséder ?

« Pour les particuliers, je ne pense pas que cela fasse une grande différence, au bout du compte, qu’ils achètent une machine à laver ou qu’ils se contentent d’en louer une. C’est différent pour une voiture partagée par exemple. Ici, le statut joue un rôle plus important. La machine à laver en location reste dans votre habitation, pas la voiture. Certains sont donc encore un peu réfractaires au concept d’une ‘économie partagée’. »

Comment rendre les applications circulaires plus attractives financièrement ?

« Dans de nombreux cas, le consommateur n’est pas prêt à payer plus. C’est au gouvernement de jouer un rôle dans ce domaine. Si la différence de prix entre un investissement circulaire et un investissement non circulaire n’est pas importante, le gouvernement peut accorder des avantages fiscaux aux entreprises qui s’engagent pleinement dans la durabilité et la circularité. Celles-ci doivent être en mesure de démontrer qu’en plus de la rentabilité, l’impact écologique est également positif. Il est dans la nature humaine d’avoir besoin d’une certaine motivation pour que ce genre de changement se produise. Il incombe donc en partie au gouvernement de récompenser les personnes qui optent pour des produits et services circulaires. »

Le tri des déchets est souvent un point de départ pour les particuliers qui souhaitent contribuer à une société circulaire. Quel est votre point de vue à ce sujet ?

« Ce qui me frappe le plus, c’est que beaucoup de gens n’en voient toujours pas l’intérêt. Peut-être le gouvernement devrait-il encourager les citoyens à se rendre dans un recyparc ? Les aider au lieu de les pointer du doigt ? Faire en sorte qu’ils se sentent ‘bienvenus’ ? Il est temps d’en finir avec l’image négative des recyparcs. »

Voka Flandre occidentale applique-t-il également les principes de base de l’économie circulaire ?

« Nous participons à la Charte Voka Entrepreneuriat durable (Voka Charter Duurzaam Ondernemen) et y associons des actions internes, mais il est certain que nous pouvons encore nous améliorer. Nous trions bien les déchets, mais nous pourrions faire plus, par exemple, pour acheter de manière plus circulaire à la source. »

Quel message souhaitez-vous faire passer en guise de conclusion ?

« Investir dans l’entrepreneuriat circulaire, c’est investir dans la croissance et dans l’avenir. »

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