Photographe:
Studio en conceptstore Allossa
Auteur:
Sara Adam, Corporate Consultant chez Group Casier, s.adam@casier.be
Est-ce un studio de design ? Est-ce un magasin de cadeaux ? Allossa combine tout cela ! « En tant que designer, j’aide les entreprises à concevoir des produits ayant une durée de vie plus longue », explique Saartje Allosserie, Creative Ecological Officer chez Allossa. « Et dans mon concept store, je vends ces produits aux consommateurs. C’est ainsi que je boucle la boucle. »
Le master en design industriel de l’ancienne école provinciale d’industrie de Courtrai, aujourd’hui Howest / UGent, convenait parfaitement à Saartje Allosserie. « J’étais intéressée par les sciences industrielles et c’était une discipline où je pouvais exprimer ma créativité. Au cours de notre dernière année, nous avons eu l’occasion de participer aux Ecodesign Awards. Avec ce prix, OVAM et Vlaanderen Circulair récompensent les jeunes talents dont les idées circulaires peuvent changer le monde. La tâche consistait à améliorer une de nos habitudes quotidiennes qui a une incidence considérable sur l’environnement. J’étais assise dans le réfectoire de l’école, en train de dîner et de réfléchir à une idée. Tout autour de moi, je voyais les feuilles d’aluminium utilisées pour emballer les sandwichs, pitas, hamburgers… C’est là que j’ai eu une révélation. Le processus d’extraction du minerai à partir duquel l’aluminium est fabriqué est très polluant. J’ai trouvé une alternative moins polluante : les emballages réutilisables fabriqués à partir de plastique recyclé, dont la version en tissu avec de la cire d’abeille est aujourd’hui la plus connue. Ce concours a été le déclic qui m’a poussée à m’intéresser à l’écoconception. »
Saartje Allosserie : « Après mes études, j’ai travaillé pendant sept ans dans le secteur de l’éclairage et sept ans dans le secteur de la bagagerie. Dans ces emplois, j’ai essayé d’appliquer la philosophie de l’écoconception, mais à l’époque - vers 2010 - ce n’était pas évident. J’ai par exemple fait des propositions liées à l’éclairage LED, et à l’utilisation de polyester recyclé, mais elles ont essuyé des refus et des contre-arguments. C’était il y a seulement quelques années. En 2011, j’ai fondé Allossa, une agence de design de produits, de logos et d’emballages circulaires. Ce travail, je l’ai d’abord fait en tant qu’activité complémentaire, et depuis 2019, il est devenu mon activité principale. »
« Proposer aux consommateurs des produits durables qui sont économiquement viables. Et ce, sans compromettre les ressources des générations futures. Lorsque je crée un produit, l’écoconception, également appelée conception écologique ou conception durable, est aussi importante pour moi que la fonctionnalité, la qualité ou l’esthétique. En tant que designer indépendante, j’aide les entreprises à concevoir des produits ayant une durée de vie plus longue, à utiliser des matériaux renouvelables ou recyclables et à réfléchir dès le départ à l’emballage et à la distribution. Je ne veux pas limiter les consommateurs dans leur comportement d’achat. Ce que je veux, c’est que les produits qu’ils achètent aient une durée de vie plus longue et puissent être réutilisés ou recyclés plus facilement en fin de vie. »
« Une partie d’entre eux. Tous les produits que j’ai aidé à concevoir ne peuvent pas être vendus dans ma boutique. L’offre consiste principalement en des idées de “cadeaux alternatifs”. Nous essayons d’être un concept store général avec des cadeaux pour hommes, femmes, enfants et animaux domestiques. Nous proposons des produits locaux qui ont une durée de vie plus longue, qui sont réutilisables, qui peuvent avoir de multiples fonctions… En bref : des produits intemporels et durables. Par exemple, nous proposons des produits slow fashion pour lesquels un arbre est planté par WeForest pour chaque produit vendu. Ou encore du papier toilette fabriqué à partir de fibres de papier recyclé, pour lequel le fabricant s’engage à construire des toilettes dans des pays où les installations sanitaires sont inexistantes ou insuffisantes. Notre propre histoire de RSE est intégrée dans les marques que nous sélectionnons. En plus de mes propres créations et des produits achetés, d’autres écoconcepteurs exposent avec nous. Par exemple, un artisan qui fabrique des couteaux. Ou des étagères, des bougies, des bijoux… »
« Par exemple, un fabricant de brosses de la région m’a demandé de concevoir une poignée multifonctionnelle qui s’adapte à cinq types de brosses, se compose d’un seul matériau et peut être produite dans un seul moule. La poignée est fabriquée en polypropylène (PP), l’un des meilleurs plastiques recyclables. Autre exemple, j’ai reçu une demande de l’association Huis van het Kind. Ils étaient à la recherche d’un cadeau de naissance unique. Ils pensaient à un livre de bain avec un revêtement en PVC et de la mousse à l’intérieur. Comme alternative, j’ai suggéré un livret en tissu fabriqué par une entreprise qui travaille avec du coton recyclé et des encres à base de soja. Autre exemple encore : un jeu de cartes éducatif qui permet aux entreprises de réfléchir aux 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. »
« Hilde Hanselaer de MVO Advies, aide les entreprises à mettre en place un plan d’action RSE. Elle a également soutenu Allossa dans ce processus. Hilde m’a confié qu’elle cherchait un angle plus créatif. C’est ainsi que m’est venue l’idée de développer un jeu de cartes qu’elle pourrait utiliser lors des séances de brainstorming en entreprise. Hilde a apporté sa grande connaissance des ODD, et j’ai fourni un support créatif. J’aime ce genre de collaboration. L’emballage est une boîte en fer recyclé : un clin d’œil à l’ancien emploi de Hilde. Avant de devenir consultante, elle dirigeait une entreprise de traitement de la ferraille. Les cartes sont imprimées sur du papier à base d’herbe et du papier recyclé. »
« Voici un exemple très simple : “J’organise une réception, à qui devons-nous nous adresser pour la restauration ?”. Commandons-nous en ligne, localement, dans un supermarché… ? L’idée est ici de se concentrer sur les partenariats locaux. Un autre exemple est que vous savez à l’avance que vous aurez des restes de nourriture. Demandez-vous alors à chacun d’apporter une boîte pour les restes ? Ou bien fournissez-vous des boîtes à distribuer ? Ou appelez-vous une organisation qui pourra redistribuer cette nourriture ? »
« Je le fais de différentes manières. Par exemple, j’ai un régime alimentaire très axé sur le végétal. Dans notre salle de bains, je vise le zéro déchet ou du moins le moins de déchets possible en examinant d’un œil critique les produits que nous achetons et la façon dont ils sont emballés. C’est plus difficile lorsqu’il s’agit de mode. Je veux me sentir bien et me faire plaisir de temps en temps. Pour les vêtements, j’applique la théorie du “coach en rangement” Nele Colle : si j’achète quelque chose de neuf, il faut que quelque chose d’autre parte (vente en seconde main ou friperie). Je fais aussi rarement des achats en ligne et j’achète localement autant que possible. Dans notre maison, tout est bien isolé, de la cave au grenier, et nous avons un chauffage au sol constant. Lorsque nous avons rénové, nous avons intégré les matériaux récupérés dans le nouveau concept. Nous avons un jardin écologique, nous récupérons l’eau de pluie, nous travaillons avec l’eau du puits… Notre toit n’est malheureusement pas assez solide pour une toiture végétalisée, mais nous allons y placer des plantes en pot. Nos bougies dans la maison sont à base de colza au lieu de paraffine. Practise what you preach! Ce ne sont que de petites choses, mais chaque changement compte, et c’est le message que je veux transmettre à mes clients. »
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