Photographe:
Renewi
Auteur:
Sara Adam, Corporate Consultant chez Group Casier, s.adam@casier.be
Le déchet n'existe pas. C’est en concrétisant cette vision que Renewi donne une seconde vie aux déchets. « En évitant d’enfouir ou d'incinérer les déchets, nous conservons des ressources précieuses dans le cycle de production », explique Dries De Pauw, Director Sales & Marketing chez Renewi. « La création de matières premières secondaires est loin d'être le seul objectif du recyclage. Il est tout aussi important de proposer des alternatives de haute qualité aux matières premières vierges qui deviennent de plus en plus rares. »
Dries De Pauw est bioingénieur de formation. « En fait, j’ai un bagage plutôt axé sur les sciences de la vie », explique-t-il. « Le message ‘le déchet n'existe pas’ de l'entreprise, qui s’appelait à l’époque Van Gansewinkel, m'a donné envie d'y travailler. En tant qu’entreprise de valorisation des déchets, elle était déjà un précurseur dans le secteur à l'époque. Renewi a été créée en 2017 par la fusion de Van Gansewinkel et de Shanks Group plc. J’y travaille encore avec le même plaisir qu’il y a dix ans. »
Dries De Pauw : « La circularité est un monde avec des cycles de matières premières fermés, où aucun déchet n'est créé et n'existe, un monde où les matières premières conservent leur valeur maximale le plus longtemps possible. C'est l'un des moyens de faire face à l'urgence climatique. Les activités de Renewi ont donc une utilité pour la société : nous voulons contribuer à protéger le monde de l'épuisement des matières premières et des ressources en donnant une nouvelle vie aux matériaux usagés. »
« Le recyclage vise non seulement à créer des matières premières secondaires, mais aussi à produire des alternatives de qualité à ce qui est actuellement utilisé, à savoir des matières premières vierges qui deviennent de plus en plus rares. En tant qu'entreprise de recyclage pure, Renewi n'a pas à utiliser des incinérateurs et c'est précisément pour cette raison que nous nous différencions des autres acteurs du secteur - entreprises privées et intercommunales - qui ont souvent des intérêts contradictoires dans les incinérateurs de déchets. C'est exactement la raison pour laquelle nous ne parlons plus de notre ‘taux de recyclage et de valorisation’ - qui était pourtant élevé : environ 90 % - mais de notre ‘taux de recyclage’, qui est plus faible, mais qui indique avec précision le pourcentage de matériaux recyclés, contribuant ainsi à l’économie circulaire. »
« Le recyclage présente encore un incroyable potentiel de croissance, en particulier pour les flux plus difficiles à recycler, tels que les matelas, les cendres résiduelles... Pour ces flux, des innovations et des nouvelles technologies sont indispensables. Les collaborations et/ou les partenariats dans la chaîne de transformation sont, à mon avis, idéaux dans ce contexte. Les problèmes liés à la chaîne appellent des solutions au niveau de cette même chaîne. Pensez par exemple à VinylPlus® Med (collecte sélective et recyclage des déchets médicaux non dangereux en PVC), RetourMatras (démantèlement des matelas et préparation des matériaux en vue de leur réutilisation) ... La dynamique créée par ces partenariats offre beaucoup plus d'opportunités que si chaque entreprise, qu'il s'agisse d'une start-up ou d'une grande société, devait chercher des solutions seule. Dans ce processus, Renewi assume le rôle de directeur de la chaîne. Nous engageons le dialogue avec d'autres entrepreneurs et organisations qui souhaitent également faire la différence. Par exemple, nous collaborons avec une start-up qui distille des huiles à partir de peaux de citron pour les utiliser comme base de produits d'entretien. Une telle entreprise a besoin d'un partenaire logistique pour réunir les parties, et c'est là que Renewi intervient. »
« Notamment de projets comme VinylPlus® Med. Le PVC est le plastique le plus utilisé dans le secteur de la santé pour les équipements médicaux jetables qui sauvent des vies, tels que les masques à oxygène et d'anesthésie, les tuyaux, les poches de perfusion et de dialyse. Beaucoup de ces produits ne sont utilisés qu'une seule fois et pendant une courte période. S'il s'agit de patients non infectieux, ces produits peuvent être recyclés. Avec nos partenaires VinylPlus (l'initiative volontaire de développement durable du secteur européen du PVC) et RAFF Plastics, nous lancerons bientôt un projet pilote pour la collecte et le recyclage des déchets médicaux non dangereux en PVC. Le projet se concentrera sur les déchets de PVC propres et conformes au règlement REACH qui peuvent être recyclés en une large gamme de produits à valeur ajoutée pour le marché européen. Par exemple, les déchets de PVC collectés pourront être convertis en une nouvelle application circulaire qui sera utilisée dans l'hôpital. Cette application devra ensuite être réutilisable ou recyclable à nouveau. En d'autres termes : plus de déchets ni de gaspillage. Nous ferons aussi attention aux distances de transport : nous les maintiendrons aussi courtes que possible, par exemple en combinant la collecte avec celle des autres déchets dans les hôpitaux. Tous les partenaires belges de ce projet sont situés dans un rayon de 120 km. De cette façon, nous pourrons limiter autant que possible notre empreinte écologique. »
« Outre le recyclage physique tel qu'il se pratique actuellement et qui a certainement encore un avenir dans les 20 prochaines années, le recyclage chimique est également en train de prendre de l'ampleur. C'est le cas par exemple du foil-to-oil : les produits sont décomposés chimiquement, au lieu d'être recyclés physiquement. Le secteur chimique investit massivement dans ce domaine, et je pense donc que de très bonnes technologies en sortiront. Une autre évolution intéressante est le projet Torero d’ArcelorMittal. Ils investissent dans une installation permettant de capter certains gaz formés lors du processus de fabrication des hauts fourneaux et de les transformer en alcools de manière microbiologique. Ces alcools pourront, à leur tour, être réutilisés comme biodiesel. Le projet n'en est qu'à ses débuts, mais je crois qu'il est très prometteur. L'inconvénient - et c'est généralement le cas dans le domaine de la circularité - est que l'ensemble du processus est plutôt lent. D'un autre côté, j'espère toujours que nous pourrons être totalement neutres sur le plan climatique d'ici 2050, quand je vois ce qui se passe actuellement. »
« Selon moi, ce sont les petits gestes que chacun d'entre nous peut et doit faire, tant à la maison qu'au travail : éviter les déchets et, s'il y en a, les trier correctement à la source. Car c'est la condition pour donner aux déchets une nouvelle vie. Dans ce cas, les déchets n'existent tout simplement pas.
Nous constatons que beaucoup trop de matériaux recyclables finissent encore dans les déchets résiduels au sein des entreprises.
Je comprends qu'il n'est pas toujours facile pour une PME de trouver de la place et de remplir ces différents conteneurs, mais cela ne doit pas être une raison pour ne pas trier les déchets. Notre message est le suivant : ce que nous faisons très bien à la maison, nous pouvons aussi le faire beaucoup mieux au travail. Si chacun fait un petit geste, nous pouvons faire de grandes choses ensemble. La combinaison des particuliers et des entreprises est très importante à cet égard. »
« La raison d'être de notre organisation est chère à nos collaborateurs. Lors de la première vague de coronavirus, notre personnel a continué à travailler alors que le pays était en confinement. En effet, la collecte et le traitement des déchets sont une activité essentielle. Les applaudissements et la reconnaissance ont ouvert les yeux de nombreux collègues sur l'importance de ce qu'ils font. Une société circulaire n'est possible que grâce à leur contribution. Je ne peux pas savoir si nos collaborateurs sont également plus sensibles au recyclage et à la nature chez eux. Mais je demande régulièrement aux nouvelles recrues la raison principale qui les a poussés à postuler chez Renewi. Ils invoquent souvent la mission et la raison d’être de Renewi. »
« Tout le monde sait maintenant que les indicateurs climatiques sont dans le rouge. Les médias véhiculent aussi fréquemment ce message. Nous clamons également depuis un certain temps que l'économie circulaire peut constituer une grande partie de la solution. Mais pour faire adhérer le grand public, il faut rendre ce concept complexe plus tangible, plus facile à appréhender, et surtout, expliquer la façon dont chacun d'entre nous peut y contribuer.
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Interview de Caroline Van der Perre, copropriétaire et directrice de RAFF Plastics
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