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Pieter De Brabandere
Group De Brabandere

Auteur:

Pieter-Paul Casier, CEO Group Casier, p-p.casier@casier.be

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« Transformation des flux résiduels en matières premières de haute qualité pour la fabrication de béton circulaire »
« Transformation des flux résiduels en matières premières de haute qualité pour la fabrication de béton circulaire »

Matériau de construction le plus utilisé au monde, le béton a un impact considérable sur l’environnement et nos stocks de ressources. Group De Brabandere montre toutefois qu’il peut également servir de matière première circulaire. « Les déchets de béton ont bien d’autres applications que la pose des fondations », déclare le CEO Pieter De Brabandere. « Les granulés de béton recyclé permettent par exemple de fabriquer du nouveau béton de haute qualité. »

Group De Brabandere est actif dans la construction de routes, la production de béton et le transport. L’entreprise familiale a été fondée en 1905 par Arthur Costenoble, l’arrière-grand-père de Paul et Pieter De Brabandere, la quatrième génération actuellement à la tête du groupe. Paul se concentre sur les activités de construction routière, Pieter sur le béton.

Comment vous est venue la passion du béton ?

Pieter De Brabandere : « Mon frère a rejoint l’entreprise familiale en 2002. Cette même année, nous avons inauguré la première usine de béton de Group De Brabandere dans la Handelsstraat à Furnes. À l’époque, j’étais encore aux études. Lorsque, six ans plus tard, j’ai à mon tour intégré Group De Brabandere, mon père m’a demandé si je voulais me concentrer sur le secteur du béton. L’idée m’a plu. La demande a commencé à augmenter systématiquement, non seulement en Belgique, mais aussi en provenance de la France. En 2015, nous avons donc ouvert une deuxième centrale à béton dans le port de Dunkerque sous le nom de Flandres Béton. À peine un an plus tard, une nouvelle opportunité s’est présentée. En acquérant la centrale à béton de Holcim dans la Vaartstraat à Furnes, nous nous sommes dotés d’une troisième unité de production. Cela a été une étape importante dans notre processus de croissance. »

Pieter De Brabandere
Six autres centrales à béton s’y sont ajoutées en 2023.

« En effet. Flandres Béton a racheté six centrales à béton à CuBe, la filiale béton de la Carrière du Boulonnais (CB). Nous disposons donc aujourd’hui de six centrales à béton dans le Nord-Pas-de-Calais : à Calais, Dunkerque, Étaples, Ferques, Hazebrouck et Wizernes. »

« Nous attachons une grande importance à la conservation de la valeur : nous visons à maintenir le même niveau d’application et, si possible, à l’élever d’un cran. »
Pieter De Brabandere
Quand avez-vous commencé à jouer la carte de l’économie circulaire ?

« Nous le faisons depuis longtemps. Faire du profit c’est bien, mais nous voulons avant tout créer de la valeur. Afin d’exercer nos activités de manière durable, nous utilisons les meilleures techniques disponibles et participons à la recherche de nouvelles technologies pour maximiser notre contribution à l’économie circulaire. Notre Eco-Beton en est un excellent exemple. De nouvelles techniques de séparation nous permettent de récupérer et de réutiliser les constituants d’origine du béton : le gravier, le sable et le ciment. Nous incorporons ces agrégats de béton de haute qualité certifiés BENOR dans notre Eco-Beton. »

Quels sont les effets positifs du béton circulaire ?

« Ce produit contribue à freiner l’exploitation des carrières naturelles, à réduire les émissions de CO2 en limitant le transport des matériaux entre les zones d’extraction et les usines de béton, et à alléger le fardeau des décharges. »

En 2022, vous avez collecté une grande quantité de gravats de béton à Ostende. Racontez-nous !

« Nous avons appris que l’aéroport d’Ostende était en cours de démolition et que les travaux généraient énormément de déchets de béton. Nous avons contacté l’entrepreneur et lui avons demandé ce qu’il comptait en faire. Sa réponse a été la suivante : construire des fondations. Je trouvais cette idée tellement inacceptable que j’ai demandé de récupérer les gravats. Mon entourage a cru que j’avais perdu la tête. Mais j’ai tenu bon et j’ai fait ramasser et trier tous les débris de béton pour en refaire du nouveau béton. »

Votre Eco-Beton contient du sable recyclé. Qu’y a-t-il de si spécial à cela ?

« Le sable va devenir le principal problème de notre industrie dans les années à venir. Il s’agit d’une ressource naturelle épuisable qui va se raréfier pour diverses raisons. Nous avons investi dans une usine qui nous permet de transformer le sable impur en sable de haute qualité et de recycler le sable provenant des décombres de béton. Nous avons fait figure de pionniers avec cette première mondiale. »

Quelle est, selon vous, l’essence de la circularité ?

« Respecter la nature et ce qu’elle produit. Si nous prélevons une ressource dans la nature, nous devons le faire avec respect et nous assurer qu’elle pourra être réutilisée. Un matériau extrait devrait toujours être promis à une deuxième, une troisième, voire une quatrième vie. Avons-nous encore besoin de matériaux naturels ? Absolument. Pouvons-nous nous en passer ? Non. Mais nous ne devrions plus les prélever dans la nature de manière irréfléchie lorsqu’il existe d’autres solutions. »

Pourquoi vous opposez-vous avec autant de véhémence au downcycling ?

« Parce que je suis terriblement attaché à la conservation de la valeur. Nous visons à maintenir le même niveau d’application et, si possible, à l’élever d’un cran. C’est ce que nous faisons avec le sable de terassement, par exemple. Ce matériau n’a aucune valeur dans le secteur de la construction. En le purifiant, nous le revalorisons ; nous préférons l’upcycling au downcycling. »

Vous êtes également président de Groen Beton Vert. Pourquoi soutenir cette organisation à but non lucratif ?

« L’organisation Groen Beton Vert (GBV) a été créée il y a dix ans par quelques membres de VSOR (l’ancien FPRG vzw). Nous représentons les intérêts des entreprises qui produisent du béton dans le respect de l’environnement. Notre mission est double : améliorer la qualité des matières premières et susciter l’adhésion sociale en faveur de l’utilisation de granulats recyclés dans le béton coulé sur place. »

Votre collaboration porte-t-elle ses fruits ?

« Elle a en tout cas déjà mis certaines choses en route. Groen Beton Vert est partenaire du Circular Concrete Center, un centre de recherche et de démonstration à Furnes pour le béton à faible impact environnemental. Dans le laboratoire d’essai, le groupe de recherche RecyCon KU Leuven - Brugge, en collaboration avec Buildwise, effectue des recherches sur le béton circulaire. Dans la zone de démonstration, les entrepreneurs et autres acteurs de la construction peuvent se faire une idée concrète des différents matériaux et technologies utilisés pour le béton circulaire. Ils découvrent également la qualité des produits finis en béton circulaire, une condition essentielle pour convaincre le client final et une exigence de base pour le producteur afin de rendre le processus de production durable. Les connaissances sont aujourd’hui trop dispersées. Le Circular Concrete Center souhaite les regrouper et les diffuser sur le marché. Nous tenons à rassurer toutes les parties prenantes. Non seulement les entrepreneurs, mais aussi les bureaux d’études, les maîtres d’ouvrage, les assureurs et les pouvoirs publics. Je suis très heureux que POM West-Vlaanderen soutienne nos initiatives. Grâce au Circular Concrete Center, nous pouvons désormais réaliser quelque chose de concret pour le secteur. Nous unissons les forces d’entreprises qui prennent leurs responsabilités et qui osent prendre des risques. »

Le grand public adhère-t-il à cette vision circulaire ?

« La génération de nos enfants, oui. Ils ne toléreront plus l’existence de concepts non circulaires. Les gens de notre génération ne sont certainement pas tous ralliés à la cause. Mais je suis persuadé que le vent va rapidement tourner. En tant qu’entrepreneur, si vous ne souscrivez pas à l’économie circulaire et durable, vous n’avez aucune raison d’exister, aucun rôle significatif à jouer. Nous ne devons toutefois pas succomber aux sirènes du greenwashing. J’ai une sainte horreur des certificats et des labels, qui ne servent finalement à rien. Notre société a encore du travail à faire pour dissiper ces illusions. Je connais des entreprises qui prétendent fonctionner de manière durable et neutre en carbone, mais qui, lors de la crise ukrainienne, ont installé un groupe électrogène alimenté au diesel rouge pour faire tourner leurs usines. Ce n’est pas la solution. Heureusement, il existe des contre-exemples qui font ce qu’ils prêchent. La Flandre occidentale compte même plusieurs champions de la première heure qui ont rapidement compris que l’économie circulaire était la voie de l’avenir. C’est notamment le cas de Galloo et de Lybover. Nous pouvons en être fiers. »

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