Photographe:
WAAK
Auteur:
Maarten Vanhalst, Corporate Consultant chez Group Casier, m.vanhalst@casier.be
Depuis 1965, l’entreprise de travail adapté WAAK de Kuurne crée des emplois durables pour les personnes en décrochage du marché du travail. « Nous misons pleinement sur les marchés où la circularité et plus généralement la durabilité occupent une place centrale et sur lesquels les partenaires se renforcent mutuellement en travaillant ensemble », explique Kristof Hots, directeur des ventes et du marketing.
WAAK emploie plus de 2 000 personnes, principalement dans l’assemblage industriel, le montage, le conditionnement et les services sur site. Kristof Hots a rejoint l’entreprise de travail adapté en 2018. « En ma fonction de directeur des ventes et du marketing, l’un de mes premiers défis a été de clarifier notre vision et notre stratégie. Dans une organisation aussi grande que WAAK, chacun doit partager la même idée. Il a fallu plusieurs années pour y arriver, mais nos efforts portent aujourd’hui leurs fruits. Nous avons un nouveau site web, une nouvelle vision, une nouvelle stratégie et une nouvelle communication, et tout le monde, à l’intérieur comme à l’extérieur, sait clairement ce que représente la WAAK. Dans notre vision précisée, l’entreprise durable est au cœur de tout ce que nous faisons. Et la circularité en constitue un aspect important. Nous voulons en faire plus dans le domaine de l’économie circulaire et nous croyons fortement dans le lien entre économie sociale et économie circulaire. »
Kristof Hots : « Nous recherchons activement des partenariats durables dans l’économie circulaire, dont nous savons qu’ils ne seront pas une relation ponctuelle, mais une activité à long terme. Je prends en guise d’exemple le câblage de pompes à chaleur et l’assemblage de bornes de recharge pour voitures électriques. Ou bien celui des unités embarquées (OBU) utilisées en Belgique pour calculer la redevance kilométrique. L’objectif de ces boîtiers et de la redevance kilométrique est d’orienter le trafic de marchandises de manière à ce qu’il soit plus durable. Les transporteurs belges sont équipés de ces boîtiers, mais les transporteurs étrangers qui entrent en Belgique doivent en prendre un dans un distributeur automatique et le remettre dans un autre distributeur automatique avant de quitter le territoire. WAAK possède un contrat exclusif avec le principal opérateur de péage en Belgique pour collecter toutes les unités. Nous effectuons ensuite un contrôle approfondi de leur fonctionnement, de la batterie, du chargeur de batterie, nous mettons le logiciel à jour, nous assurons le traitement de la caution, etc. De cette façon, nous donnons aux appareils la plus longue durée de vie possible sans les détruire complètement ou les jeter à la poubelle. Nous aimons ce type d’activités, qui assurent du travail à long terme pour nos collaborateurs et qui présentent un degré élevé de circularité. Nous avons d’ailleurs des indicateurs clés de performance internes pour parvenir à une activité plus durable et circulaire et nous n’hésitons pas à réduire progressivement nos activités non durables. »
« Nous sommes une entreprise de travail adapté, et l’emploi de nos salariés est bien sûr notre priorité. Mais nous le faisons délibérément de plus en plus dans le cadre de l’économie circulaire. Idéalement, nous recourons à des partenariats à long terme avec des entreprises qui adhèrent elles aussi à l’aspect circulaire. Ce n’est pas un hasard si nous allons bientôt lancer une nouvelle campagne appelant d’autres entreprises à entreprendre de façon circulaire avec WAAK. »
« Bien évidemment. Ce n’est pas pour rien que WAAK a créé son propre groupe de réflexion appelé Circulair. Nous y examinons entre autres choses nos flux résiduels de très près. Par exemple, le processus de moulage par injection que nous utilisons pour les connecteurs et les câbles produit toujours une petite quantité de résidus de plastique. Avant, nous la considérions comme un déchet. On nous objectait que la réutilisation et le mélange auraient pour effet de contaminer le matériau d’origine et de donner un produit de qualité inférieure. Notre groupe de réflexion Circulair a demandé à Centexbel-VKC (le centre de compétence pour l’industrie de la transformation des plastiques) d’étudier les possibilités de réutilisation. Des essais ont démontré que ce que nous considérions auparavant comme des déchets était en fait réutilisable et possédait les mêmes propriétés de fixation. Les enrouleurs de câbles constituent un autre exemple. Quand les câbles ont été dévidés, il nous reste de grandes bobines de bois. En raison de leur volume, les transporter n’est pas intéressant en termes d’émissions de CO2. C’est pour cela que nous étudions la possibilité de les réutiliser ou de les rendre pliables. En collaboration avec Howest, nous travaillons sur ce projet en y impliquant les distributeurs de câbles et les fabricants de bobines. Ce genre d’initiative ne peut réussir que si toutes les parties s’y engagent. »
« Dans l’économie circulaire, nous nous occupons de maintenance et de remise en état sous toutes ses formes, ainsi que des applications où nos employés sont utiles. Mais je le répète : notre mission première reste l’emploi durable. Dans une entreprise de travail adapté comme la nôtre, les nouvelles technologies comme la reconnaissance par caméra, les systèmes pick-to-light où des lumières indiquent où le préparateur de commandes doit se trouver, les cobots (robots coopérants), etc. apportent une aide non négligeable aux salariés. Nous sommes constamment à la recherche de systèmes permettant de marier les préoccupations économiques et sociales. »
« Cela arrive, oui. Par exemple en rendant les systèmes d’IA plus intelligents : un collaborateur de WAAK reconnaît et nomme des produits dans les flux de déchets de petits appareils électroménagers pour rendre les applications d’IA plus intelligentes. »
« Réutiliser les matières premières à l’infini. Cela nécessite un état d’esprit qui doit être présent dès la conception et le design des produits. Dès la conception, il faut réfléchir à la manière dont le produit peut être réparé, mais aussi à la manière dont les matériaux peuvent être séparés lorsque le produit arrive en fin de vie. »
« Ma réponse est la même qu’à la question précédente : la conception circulaire ! Concevoir un produit de façon circulaire ou linéaire coûte à peu de chose près la même chose. Mais le choix a au final un impact énorme sur la durée de vie du produit et les flux de déchets. C’est pour cette raison que les entreprises devraient toujours concevoir leurs produits à travers ce prisme de la circularité. Je pense que c’est une bonne chose que les gouvernements imposent désormais aux producteurs davantage de responsabilités en termes d’allongement du cycle de vie, de réutilisation et de recyclage. Si les producteurs en deviennent responsables, ils seront contraints de réfléchir davantage à la qualité de leurs produits, à leur circularité, à leur réparation, à leur réutilisation et à leur recyclage. Il faudrait tenir bien plus compte du principe du « pollueur payeur », non seulement pour le produit lui-même mais aussi pour son transport. »
« Je pense que le « service en tant que produit » (SAAP) avec comme application possible la « light as a service » (LAAS), est promis à un bel avenir. Aujourd’hui, un maître d’ouvrage peut s’adresser par exemple à Philips. Contrairement à ce qui se passait auparavant, il ne doit plus acheter de luminaires et de lampes, mais conclut avec Philips un contrat de service pour la fourniture de l’éclairage. Cela incite évidemment Philips à fournir des matériels très durables, qui nécessitent peu d’entretien ou de remplacement. Ce sont de tout nouveaux business models qui devraient, d’après moi, vraiment faire bouger les lignes. »
« En achetant de manière plus consciente. D’ailleurs, cela s’applique à la fois aux individus et aux entreprises, aux pouvoirs publics et aux administrations. Acheter plus consciemment signifie acheter des produits durables, réparables et dont le fabricant garantit la plus longue durée de vie possible. Mais il faudra alors déterminer plus clairement quels producteurs travaillent de manière circulaire. Ainsi, il serait bon de savoir que si votre appareil est en panne, vous pouvez le renvoyer au fabricant, en sachant qu’il sera traité de façon circulaire et qu’en le renvoyant vous bénéficiez d’une remise sur l’achat d’un nouvel appareil du même fabricant. Mais acheter en connaissance de cause peut également signifier choisir de louer des appareils, par exemple sur la base d’un abonnement. Tout comme nous sommes abonnés à Spotify pour la musique et à Netflix pour les films. »
« Cherchez à établir des partenariats avec des entreprises partageant la même vision pour mettre en place un modèle économique, social et environnemental qui soit bénéfique pour toutes les parties. Il est également important de laisser la réflexion circulaire et durable se développer dans votre entreprise. C’est un processus de longue haleine, constitué d’essais, de réflexion et de sensibilisation, tant internes qu’externes. »
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