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Tim Moerman
AB InBev

Auteur:

Pieter-Paul Casier, COO chez Group Casier, p-p.casier@casier.be

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« Utiliser les matières premières et l’énergie le plus efficacement possible »
« Utiliser les matières premières et l’énergie le plus efficacement possible »

« Ne proposer que des produits dont l’emballage est réutilisable ou largement constitué de matériaux recyclés à l’horizon 2025 », tel est l’un des objectifs de développement durable qu’AB InBev s’est fixés en 2017. Où en est le brasseur en 2023 ? Group Casier a interrogé Tim Moerman, Sustainability & ESG Director Europe chez AB InBev, sur les ambitions et les performances en matière de circularité du plus grand groupe brassicole au monde.

Tim Moerman dirige l’équipe ESG d’AB InBev en Europe. « L’emballage circulaire est un pilier essentiel de notre stratégie ESG », explique-t-il. « Le monde est de plus en plus confronté à la rareté des ressources. En tant qu’entreprise, nous assumons notre responsabilité en utilisant moins de matériaux d’emballage, en réduisant la part de matières premières vierges dans nos emballages et en jouant pleinement la carte de la réutilisation et du recyclage. »

Qui développe vos modèles d’emballages circulaires ?

« Forts de notre centre de R&D à Louvain, nous disposons en interne d’une vaste expertise en matière de conception d’emballages. Cette équipe est formée pour évaluer les technologies d’emballage et les rendre plus circulaires. Notre programme d’incubation joue également un rôle important dans le développement d’emballages circulaires. Aucune entreprise ne peut relever seule les défis majeurs en matière de développement durable. C’est ce qui nous a amenés en 2018 à lancer la plateforme 100+ Accelerator. En 2021, The Coca-Cola Company, Colgate-Palmolive Company et Unilever ont rejoint le programme. Par le biais du 100+ Accelerator, nous encourageons et aidons les start-ups à répondre aux enjeux durables et sociaux. En plus des emballages circulaires et de l’upcycling, nous avons défini trois autres défis pour les start-ups participantes : action pour le climat, gestion de l’eau et agriculture durable. »

 

Tim Moerman
AB InBev s’est engagé en 2017 à ne proposer que des produits dont l’emballage est réutilisable ou largement constitué de matériaux recyclés d’ici 2025. Où vous situez-vous par rapport à cet objectif ?

« Aujourd’hui, 77 % de nos produits sont conditionnés dans des emballages réutilisables ou composés en grande partie de matériaux recyclés, et cette proportion est encore bien plus élevée en Europe. 40,3 % de notre volume global est distribué dans des emballages réutilisables. Il s’agit de fûts et de bouteilles réutilisables durant de nombreux cycles. La plupart de nos bouteilles peuvent être réutilisées jusqu’à 15 fois. Certaines peuvent même être réutilisées jusqu’à 100 fois. D’ailleurs, saviez-vous que les bouteilles en verre réutilisables produisent cinq fois moins d’émissions de CO2 que les bouteilles à usage unique ? L’emballage est actuellement responsable de près de 38,1 % des émissions de gaz à effet de serre d’AB InBev. Ainsi, en optant pour des emballages encore plus réutilisables, nous nous engageons également dans la lutte contre le changement climatique. »

« La circularité fait partie intégrante du modèle d’entreprise d’AB InBev. »
Tim Moerman
Qu’en est-il du pourcentage de matériaux recyclés dans vos emballages ?

« Cette proportion ne cesse de progresser, car nous ne négligeons aucune piste pour innover. Un exemple dont nous sommes particulièrement fiers est la nouvelle caisse que nous avons lancée en Allemagne pour notre bière Corona. Sur le marché de la bière, c’est la première et la seule caisse à incorporer des déchets plastiques provenant de l’industrie maritime. Cette caisse est 100 % recyclable. Elle est fabriquée à partir de plus de 90 % de plastique recyclé, dont des lignes de pêche, des filets et des cordes en fin de vie. »

Votre engagement en faveur de la réduction du gaspillage des matières premières et des déchets influence-t-il également votre processus de production ?

« Le principe de circularité n’est certainement pas limité à nos emballages. Par exemple, nous étudions également la manière de valoriser les produits résiduels issus du processus de brassage. Après le processus de brassage de la bière, le moût reste dans la cuve. Auparavant, ce sous-produit était réservé à l’alimentation animale. Nous voulions revaloriser ces résidus et faire en sorte que les protéines qu’ils contiennent puissent être consommées par l’homme. Autrement dit, évoluer d’une optique brewer spent grains vers une approche brewer saved grains. Cela nous a conduits en 2021 à créer la start-up EverGrain. AB InBev a déjà investi plusieurs millions dans ce projet. Comme exemples de revalorisation, je peux citer les barres énergétiques, les pâtes et le pain. Un premier grand site de production d’EverGrain a ouvert ses portes aux États-Unis en 2022. L’une de nos brasseries en Wallonie est aussi équipée d’une petite installation de traitement du moût. »

Quelle est, pour AB InBev, l’essence de la circularité ?

« Chez AB InBev, la circularité relève tout simplement du bon sens. Ne pas en tenir compte serait une mauvaise décision économique, car les ressources ne sont pas inépuisables. Nous envisageons aussi la durabilité comme la capacité à durer. Lorsqu’on existe depuis aussi longtemps qu’AB InBev, on souhaite naturellement rester actif pendant encore de nombreuses années. Notre rêve ultime est de pouvoir continuer à utiliser les mêmes ressources en continu. Dans un monde idéal, le département des achats deviendrait superflu. Autre point important : les ambitions circulaires d’AB InBev sont étroitement liées à nos autres objectifs de développement durable, notamment la réduction des émissions de CO2. D’ici 2028, nous visons l’objectif d’un brassage net zéro carbone dans nos cinq plus grandes brasseries afin de rendre l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement net zéro d’ici 2040, de l’agriculteur au consommateur. Cet objectif, tout comme notre engagement en faveur d’une plus grande circularité, fait partie intégrante de notre modèle d’entreprise. L’équipe ESG se charge de l’achat de tout ce qui peut être source d’émissions de CO2. En Belgique, par exemple, nous avons acheté douze camions électriques pour approvisionner les cafés de Louvain, Bruxelles, Gand et Liège. En Espagne, nous avons investi dans un nouveau parc solaire pour alimenter nos brasseries en électricité renouvelable. En collaboration avec nos fournisseurs, nous recherchons également des combustibles alternatifs au gaz qui alimente les fours à verre. Pour l’heure, l’électricité n’est pas encore une possibilité, mais l’hydrogène l’est. Le tout est d’oser prendre les devants et d’être le premier à s’engager dans cette voie. »

Comment impliquez-vous les collaborateurs d’AB InBev dans votre stratégie de développement durable ?

« Plus de 175 brasseries opèrent sous l’égide d’AB InBev. Chaque directeur de brasserie reçoit une liste d’indicateurs de performance clés. Nous obtenons ainsi des chiffres intéressants sur la consommation de gaz, d’eau et d’électricité, sur le taux d’efficacité des processus de brassage, sur le nombre de bouteilles cassées, etc. Mesurer les indicateurs de performance clés nous permet de limiter la perte de ressources et de maximiser la valorisation des déchets. Toutes les brasseries sont comparées périodiquement dans le monde entier. Cela suscite une émulation organique parmi les collaborateurs des différents sites et les motive à explorer les domaines d’amélioration possibles et les modes d’utilisation plus efficaces des ressources. Ils atteignent ainsi un certain degré d’efficacité. Il est dans notre culture de considérer ce qui peut être valorisé, tel le moût, non pas comme un déchet, mais comme une ressource. En outre, chacun doit être convaincu que la durabilité assurera la pérennité de l’entreprise. Chez AB InBev, nous nous sommes vraiment imprégnés de cette conviction, notamment parce que nous sommes une organisation très axée sur les objectifs. Nous sommes une petite équipe ESG, mais nous partageons les objectifs de durabilité avec un très grand nombre de collègues au sein d’AB InBev. En d’autres termes, nous diffusons les ambitions à des centaines de travailleurs. »

Comment sensibiliser le grand public à cette vision ?

« Actuellement, le coût de la durabilité ne semble pas (encore) positif aux yeux de nombreux consommateurs. Cela ne pourra changer que lorsque le coût et l’impact réels des produits et des emballages deviendront plus clairs pour tout le monde. Il est donc extrêmement important d’informer les consommateurs de manière claire et transparente. Par exemple, beaucoup ignorent qu’un emballage en plastique composé à 100 % de matériaux recyclés est plus durable qu’une boîte en carton fabriquée à partir de matériaux vierges. Certains emballages peuvent sembler plus durables que d’autres, mais n’ont pas nécessairement un impact positif. Tout l’art consiste à bien l’expliquer aux consommateurs. »

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