Gramitherm-materiaal
Florent Timmermans
Gramitherm

Auteur:

Sara Adam, Corporate Consultant chez Group Casier, s.adam@casier.be

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« Un matériau isolant polyvalent, naturel à l’empreinte carbone négative »

« Un matériau isolant polyvalent, naturel à l’empreinte carbone négative »

Une technologie suisse à base d’herbe belge présentant le meilleur bilan carbone de tout le secteur. C’est ainsi que Gramitherm se positionne sur le marché des matériaux isolants recyclables et biosourcés. Dans quelle mesure ses panneaux isolants à base de fibres d’herbes sont-ils efficaces et écologiques ? Nous avons interrogé Florent Timmermans, Managing Partner chez Gramitherm

C’est Stephan Grass, chercheur suisse à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), qui a eu l’idée de fabriquer des panneaux isolants à base d’herbe excédentaire récoltée localement. Il cherchait un partenaire commercial et c’est en la personne du Belge Christian Roggeman qu’il l’a trouvé. Ce dernier a fondé Gramitherm en 2019 et a fourni à l’entreprise tous les brevets et certificats.

Comment êtes-vous arrivé chez Gramitherm ?

Florent Timmermans : « Mon diplôme d’ingénieur civil avec une spécialisation en chimie en poche, j’ai suivi de nombreuses formations en management. Ensuite, fort d’une certaine expérience professionnelle, je me suis mis à la recherche d’un management buy-in dans lequel investir. Lors de la pandémie du coronavirus, Gramitherm a rencontré quelques difficultés en tant que start-up et cherchait de l’aide. C’est ainsi que je suis arrivé chez Gramitherm en janvier 2022. Christian Roggeman et moi dirigeons désormais l’entreprise ensemble, Christian en tant que CEO et moi en tant que Managing Partner. Gramitherm emploie aujourd’hui une vingtaine de personnes et distribue ses produits dans toute l’Europe. »

Quelle est la spécificité des panneaux Gramitherm ?

« Les panneaux isolants de Gramitherm sont les seuls à l’échelle industrielle dans le monde de la construction à ne pas contenir de matières premières agricoles. Nous utilisons de l’herbe provenant des berges de canaux et de rivières, des accotements des voiries communales, de parcs naturels. Il ne s’agit jamais d’herbe cultivée, d’herbe plantée pour l’usage humain. L’herbe pousse presque toute l’année, et même en hiver, un peu plus lentement certes. Au fil de l’année, elle stocke le CO2 et purifie l’air. Nous utilisons de l’herbe qui pousse à l’état sauvage, qui n’est pas destinée à l’alimentation animale et qui serait donc perdue si nous ne la traitions pas. Par ailleurs, cette herbe qui n’est pas cultivée ne contient aucun pesticide ni produit semblable. »

« Nos panneaux ont une durée de vie extrêmement longue. Nous offrons même des garanties allant jusqu’à 50 ans. »
Florent Timmermans
Quels sont les atouts de Gramitherm par rapport aux autres matériaux d’isolation ?

« Notre principal argument de vente est la contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. Choisir un produit climatiquement neutre tel que Gramitherm permet de réduire considérablement les émissions de CO2 par rapport aux matériaux d’isolation traditionnels tels que la laine minérale. Le processus de production est moins énergivore, car il nécessite des températures plus basses. En bref : il s’agit d’une solution respectueuse de l’environnement et durable, qui réduit la production de déchets et est fabriquée en Belgique avec de l’herbe belge. »

Comment les panneaux sont-ils fabriqués ?

« Une fois l’herbe rentrée, la biométhanisation et le défibrage ont lieu sur notre site, à côté d’un digesteur. L’herbe est d’abord compressée. Le jus obtenu est utilisé pour la production de biogaz. Ce biogaz est acheminé vers un générateur pour produire de l’électricité. Nous utilisons la chaleur de refroidissement de ce générateur pour sécher l’herbe. Après le séchage, l’herbe arrive dans notre usine d’Auvelais (province de Namur) et les fibres d’herbe (70 %) sont mélangées à des fibres de jute (20 %). Celles-ci proviennent des sacs de jute utilisés pour le transport des fèves de cacao qui passent par le port d’Anvers. Autrefois, ces sacs étaient brûlés ; désormais, ils sont recyclés. Nous y ajoutons 10 % de polyester. Dans la section des produits biosourcés, nous utilisons très peu de polyester, mais nous continuons à chercher des moyens de réduire son utilisation ou de l’utiliser différemment. Le thermoformage comprime l’herbe en panneaux. Cela se fait en quelques minutes à une température d’environ 160 °C, ce qui est très bas par rapport à la laine de verre ou de roche. Ces dernières requièrent en effet des températures supérieures à 1 000 °C pendant des heures, voire des jours. La consommation d’énergie chez Gramitherm est donc bien moins élevée que pour la production de laine de verre ou de laine de roche. Après le thermoformage, nous découpons les panneaux sur mesure et les livrons à nos clients. »

Qui sont vos clients ?

« Aujourd’hui, en Belgique, nous travaillons principalement pour l’industrie du préfabriqué. Un deuxième canal important est celui des distributeurs tels qu’Eurabo et Ecomat. En Belgique, nous ne vendons jamais directement au client final. En France, par exemple, nous sommes présents chez Leroy Merlin. Historiquement, les débouchés de Gramitherm se situaient plutôt en Wallonie, en France et au Luxembourg, mais nous visons désormais également davantage la Flandre et les Pays-Bas. »

Quelle est la résistance au feu des panneaux ?

« Bien qu’ils soient fabriqués à partir de fibres d’herbe, il a été prouvé qu’ils sont aussi sûrs que d’autres produits isolants d’origine biologique en termes d’inflammabilité. Gramitherm ajoute des sels minéraux ignifuges aux fibres d’herbe, offrant ainsi une protection suffisante. »

Que se passe-t-il lorsque les panneaux arrivent en fin de vie ?

« Je tiens tout d’abord à souligner que nos panneaux ont une durée de vie extrêmement longue. Nous offrons même des garanties allant jusqu’à 50 ans. Nos panneaux sont par ailleurs également 100 % recyclables. Tout peut être broyé en vue de la fabrication de nouveaux panneaux. Dans notre usine, nous récupérons les déchets de nos plus gros clients pour en faire de nouveaux panneaux. Nos propres déchets de production sont donc immédiatement recyclés. »

Comment voyez-vous l’avenir de Gramitherm ?

« Tous les jours, nous nous efforçons d’avoir une consommation énergétique à la fois meilleure et plus efficace. Nous cherchons en permanence des moyens de nous améliorer. Nous nous concentrons par ailleurs sur la manière la plus efficace et la mieux adaptée de continuer à répondre à la demande croissante. Nous devons renforcer notre processus de production et le faire dans les meilleures conditions possibles. »

Pour finir, qu’est-ce que l’économie circulaire pour vous ?

« Pour moi, cela signifie ‘absence de déchets’ : dans tout ce que nous faisons, nous pensons et veillons toujours à boucler la boucle. »